Tout savoir sur la culture biologique du vin: le guide ultime

Le bio, c’est bon. En tout cas, c’est ce que nous martèle le marketing des grandes marques depuis quelques années. Qu’en est-il pour la production de vin? Est-ce que ça t’assure une qualité maximale? Découvre tous les secrets du vin bio dans notre guide ultra complet.

Tout savoir sur le vin bio

Au fil des années, les vins bio prennent de plus en plus de place dans notre consommation quotidienne. Et pour cause, ces crus issus de l'agriculture biologique présentent de multiples avantages, tant pour notre santé que pour l'environnement. Mais est-ce que cela a un impact sur le goût de ta boisson préférée? Accroche ta ceinture, on te dit tout ce qu’il faut savoir sur le vert dans le verre.

Qu'est-ce que le vin bio?

vin bio, comme son nom l'indique, est un vin élaboré à partir de raisins cultivés selon les principes de l'agriculture biologique. Il répond ainsi à un cahier des charges précis établi par différents organismes de certification tels que le Bourgeon de Bio Suisse, l’Euro-Leaf ou le label AB. Ainsi, à la vue de ces étiquettes, tu t’assures un standard de qualité, de savoir-faire et de traçabilité.

L'agriculture biologique: principes et particularités

L'agriculture biologique repose sur un ensemble de pratiques visant à favoriser le développement de systèmes agricoles respectueux de l'environnement, de la biodiversité et du bien-être animal. Ainsi, elle privilégie l'utilisation de matières organiques pour fertiliser les sols, le maintien de la faune auxiliaire pour lutter contre les ravageurs et la préservation des ressources en eau. Le recours aux produits chimiques, tels que les engrais, pesticides ou herbicides de synthèse, est donc exclu, ou en tout cas très limitée.

Du bon raisin sans produit chimique, pour que nos enfants puissent en profiter pleinement.

Du bon raisin sans produit chimique, pour que nos enfants puissent en profiter pleinement.

Bio, biodynamie, vegan et vin nature, kézako?

Si ces 3 termes que tu retrouves souvent sur les étiquettes reposent sur les mêmes fondations, elles ont néanmoins quelques différences importantes.

Démarrons par ce qu’ils ont en commun: respect de l’environnement, absence de produits chimiques pour traiter la vigne et intervention minimale lors de la vinification, notamment dans les doses de soufre ajoutées.

La biodynamie, c’est un peu le bio version hardcore. En plus de suivre les règles de certification d’agriculture biologique, les adeptes de la biodynamie poussent le délire un bout plus loin en portant une attention minutieuse aux cycles naturels, en particulier celui de la lune. Nous t’en parlerons plus en détails dans notre prochain chapitre d’ailleurs. 🤓

Pourquoi est-ce qu’on te parle de vin vegan? Je vois pas de steak de boeuf flotter dans mon pinard, ou bien? Pourtant, les vigneron•nes utilisent régulièrement une pratique ancestrale qui consiste à ajouter du blanc d’oeuf lors de l’étape du collage. Cet ingrédient est alors proscrit, tout comme l’utilisation d’animaux pour donner un coup de main (ou de patte) à la vigne.

Quant aux vins natures ou naturels, cette fois-ci les vigneron•nes limitent leur intervention au strict minimum. En gros, ce qu’on recherche, c’est le vin dans sa plus pure expression. Pas de produit de synthèse, pas de filtrage, pas de thermorégulation, pas de soufre. Bref, rien, à part du raisin.

Est-ce que vin bio rime avec brio?

On va aller droit au but. La réponse est non. Le bio n’est absolument pas un gage de grand vin. Mais ça reste un indicateur à prendre en compte dans ton choix.

En effet, les domaines qui investissent dans la culture biologique font preuve d’un engagement certain dans leur production. Rien oblige aujourd’hui un•e vigneron•ne à se convertir au bio. Au contraire, il faut passer au travers d’un processus fastidieux et coûteux. Autrement dit, il faut être motivé•e pour s’engager dans ce créneau et en obtenir les certifications.

Ces motivations, elles sont relativement simples et peuvent se résumer en 3 points:

  1. Respect de la nature: de plus en plus de domaines se rendent compte de l’importance de leur terroir. Avoir des pratiques plus “eco-friendly”, c’est la garantie de préserver la richesse de leur patrimoine et de pouvoir le transmettre dans les meilleures conditions aux futures générations.
  2. Vins plus purs: moins de produits chimiques, moins de “cheni” comme on dit chez nous, c’est aussi la possibilité d’être au plus proche de la vigne, du raisin et de créer des vins au caractère plus marqué et moins “industriels”
  3. Plus lucratif: on ne va pas se mentir, les vins bios attirent un public éco-conscient qui est prêt à mettre le prix pour avoir des produits de qualité. Les vigneron•nes l’ont bien compris. En passant au bio, ils peuvent vendre leurs bouteilles plus chères et, une fois l’investissement initial amorti, dégager des marges plus avantageuses.

Lorsque c’est bien fait, le vin bio offre une situation win-win entre les producteurs et toi. Leur travail est à la fois plus proche de leurs valeurs, ils gagnent mieux leur vie et tu bénéficies d’un meilleur produit.

La culture biologique du vin: étapes et méthodes

Pour bien comprendre cette démarche responsable et qualitative, il est essentiel de connaître quelques grandes étapes qui différencient un vignoble bio d'un autre conventionnel.

  1. Choix des cépages: Il est important de privilégier des raisins adaptés au terroir et résistants aux maladies fongiques communes, comme le mildiou, pour réduire le traitement abusif. On parle de cépages PIWI, qui vient de l’acronyme allemand "Pilzwiderstandsfähige", signifiant résistant aux champignons (mais tu le savais déjà grâce à tes 15 ans d’allemand).
  2. Travail du sol: Les sols sont régulièrement labourés, griffés ou enherbés afin de limiter les adventices et favoriser la croissance des racines en profondeur. Cela permet également une meilleure aération et vie microbienne des sols. Paré•e pour la suite du film Microcosmos?
  3. Fertilisation: Les engrais chimiques sont remplacés par des composts, du fumier ou d’autres amendements organiques qui nourrissent les sols en douceur et contribuent à leur fertilité sur le long terme. Même si ça pue un peu.
  4. Lutte contre les parasites: Les mots-clés sont la prévention et l'observation. Les vigneron•nes vont utiliser des solutions naturelles comme les purins de plantes, huiles essentielles ou divers autres biopesticides homologués.
  5. Récolte: On évite l’intervention mécanique lorsque ce n’est pas justifié. La plupart du temps, les raisins sont triés à la main.

La vinification bio: quelles différences avec les méthodes traditionnelles?

Au-delà de la culture, c'est aussi lors de la vinification que les procédés diffèrent. En effet, le vin bio doit être élaboré selon des méthodes qui limitent l'utilisation d'additifs pour préserver au maximum les qualités gustatives.

  • Fermentation: Les levures indigènes présentes sur les baies sont privilégiées pour fermenter le moût, garantissant un profil aromatique plus authentique et représentatif du terroir.
  • Sulfites: On minimise l'utilisation du soufre en veillant à la propreté du matériel, à une bonne gestion des oxydations et aux conditions d'élevage. Toutefois, quelques doses restent autorisées pour optimiser la conservation et éviter les altérations, bien que ces doses soient inférieures à celles autorisées dans les pinards conventionnels.
  • Clarification: Les œnologues sélectionnent des produits d'origine naturelle et biocompatible pour assurer la clarté et la stabilité du vin.
Dans le vin bio, les vendanges doivent impérativement se faire à la main.

Dans le vin bio, les vendanges doivent impérativement se faire à la main.

Les bienfaits du vin bio pour la santé et la planète

On peut facilement résumer les bienfaits des vins bios en 3 catégories:

  1. Respect de l'environnement: C’est une évidence, en limitant l'utilisation d'intrants chimiques et en optant pour des pratiques vertueuses, la viticulture biologique protège les écosystèmes et préserve la qualité des sols et des eaux.
  2. Meilleur goût: Les vins issus de la culture biologique bénéficient d'une expression aromatique plus pure et authentique. On y retrouve davantage de typicité et de complexité, même si cela n’est en aucun cas une garantie et cela dépendra bien sûr du talent du vigneron ou de la vigneronne.
  3. Moins d'allergènes: La réduction des doses de soufre diminue considérablement les risques d'allergies ou d'intolérances liées à la consommation de vin. Par contre, contrairement à la croyance répandue, cela ne changera rien à ton mal de crâne du lendemain, qui est lui dû à la déshydratation.

Comment choisir un bon vin bio? A quels labels se fier?

Pour t'aider dans ta sélection, voici quelques astuces et repères qui te permettront d'identifier un produit véritablement issu d'un vignoble engagé dans une démarche biologique.

Les certifications et labels biologique du vin suisse

En Suisse, il existe une certification et deux labels pour identifier des vins issus de culture biologique.

Commençons par la plus officielle des déterminations: la certification bio.inspecta / Bio test agro. Dans les grandes lignes, celles-ci suivent les lignes directrices de l’Union Européenne. Si tu lis le mot “bio” sur la bouteille, c’est que le domaine a passé la certification avec succès.

La cahier des charges devient plus restrictif encore avec le fameux label Bourgeon. Créé en 1981, Bio Suisse met la barre plus haut. Tout d’abord, l’intégralité du domaine doit être au diapason. Ensuite, au moins 7% de la surface du terrain doit être composé de pâturages, de haies ou d’arbres, afin d’y favoriser la biodiversité. Les pesticides et les engrais chimiques sont interdits. A la cave, les règles sont 3 fois plus contraignantes que celles de l’UE, ne laissant droit qu’à quelques rares additifs naturels. Bref, ça rigole pas.

Autre label très populaire, à la fois dans le pinard, mais aussi dans l’alimentation: l’étiquette orange de Demeter. Elle symbolise les vins qui sont issus de la biodynamie, cette pratique d’agriculture qui porte un soin particulier à la terre en essayant de se caler autant que possible sur son cycle naturel.

Pour compléter ce tour des étiquettes suisses, mentionnons encore la coccinelle d’IP Suisse, qui suit le cahier des charges de l’Association suisse des paysannes et paysans pratiquant la production intégrée, ainsi que Vinatura, gérée par VITISWISS.

Qu'en est-il pour le reste de l’Europe?

L’Union Européenne aime la régulation, c’est pas nouveau. Elle nous offre sans surprise son lot de certifications et de labels dans le but de te guider dans tes achats.

La plus célèbre est sans aucun doute l’Euro-Leaf, cette feuille composée des étoiles du drapeau européen. Ce logo certifie que le produit est conforme à la réglementation de l'UE en matière de produits biologiques. Pour le porter sur une étiquette, au moins 95% des ingrédients du produit doivent être bio.

Chez nos voisins français, tu retrouveras très fréquemment le label AB, pour Agriculture Biologique. Créé en 1985 dans le but d’éviter l’utilisation de produits chimiques et de synthèse, il est aligné depuis 2009 avec les normes européennes et est voué à disparaître dans un futur proche.

En outre, tu pourras trouver d’autres noms, tels que Nature & Progrès ou Ecocert, et bien sûr Demeter qui ne se limite pas au territoire helvétique.

Et ailleurs dans le monde?

Chaque pays y va bien sûr de son label ou de sa certification. A peu de chose près, on va rester sur des normes très similaires, avec quelques exceptions. Par exemple, aux Etats-Unis, la certification du ministère de l'agriculture USDA Organic interdit l'utilisation du soufre, ce qui n'est pas le cas en Europe.

Le label AB des bouteilles françaises est en train de progressivement disparaître.

Le label AB des bouteilles françaises est en train de progressivement disparaître.

Pourquoi pas tous les domaines ne se font certifier bio?

Avec l’engouement du bio et souvent des marges plus intéressante à la commercialisation, pourquoi n’assiste-t-on pas à une vague verte?

Tout d’abord, comme dans la vie de tous les jours, pour un bobo qui déambule fièrement tote-bag au bras et Veja aux pieds dans les étales du marché du samedi matin, il y a également des fans du nucléaire, de la voiture à essence et on en passe.

Sans partir dans les clichés (trop tard), pas tout le monde a la même sensibilité par rapport à l’environnement. Pour de gros domaines industriels, qui n’ont aucune peine à liquider leur stock dans les supermarchés chaque millésime, il n’y a pas d’intérêt majeur économique à changer des processus qui marchent comme sur des roulettes.

Ensuite, la culture bio implique une part de danger autant à la vigne qu’au chai. Sans le bon traitement sur le fruit ou la dose de soufre nécessaire pour stabiliser une vinification, une cuvée peut être totalement foirée, ou du moins en-deça des standards de production du vigneron ou de la vigneronne. Ce risque, pas tout le monde est prêt à le prendre, et c’est compréhensible.

Pour finir, il existe de très nombreux domaines qui pratiquent la culture biologique, parfois même de façon plus stricte que nécessaire, mais qui n’ont pas envie de se faire certifier pour autant. Comme on l’a dit plus haut, c’est un processus qui demande beaucoup d’énergie et de moyens et ils sont nombreux à ne pas y voir de plus value.

Apprends à déguster les vins bios avec Tasters

La théorie c’est bien sympa, mais il est l’heure de passer à la pratique. On t’a parlé des vins bios, maintenant sors ton tire-bouchon, on démarre la dégustation. 😉

Comme toujours avec Tasters Explorer, notre aventure à la découverte du monde du vin, nous t’avons préparé une sélection aux petits oignons pour te donner un bel aperçu des saveurs des vins bio.

Pour le vin blanc, on t’emmène dans la Vallée du Rhône pour déguster le Viognier du Domaine du Grand Veneur, qui appartient aux Vignobles Alain Jaume. Cépage très aromatique habituellement, cette quille reste fraiche et équilibrée. Le Viognier s’exprime très bien du côté d’Orange et tu auras là une très belle bouteille pour accompagner une salade de chèvre ou simplement pour se faire plaisir à l’apéro.

En rouge, le premier des deux crus que nous avons retenu vient des collines du Piémont. Tu auras le plaisir de goûter un délice de Barbera d’Asti de la Cascina Galarin. Et pour le coup, on t’a mis la version Superiore. Une magnifique bouteille qui allie de beaux arômes fruités avec des notes de vanille et de cacao dues à l’élevage. Un vrai régal sur un plat en sauce ou du gibier, sans oublier une viande grillée.

L’ultime quille de notre sélection vient du Valais. Dans le Vieux canton, on ne met pas nécessairement les nouvelles tendances de côté. Le travail du domaine de la Rodeline est salué par la critique et c’est mérité. Nous sommes partis sur leur Humagne rouge, cuvée En praz. Ce cépage nécessite beaucoup d’attention et cette bouteille est une franche réussite. Un vin avec du fruit et un côté floral, sans élevage en barrique, qui marchera très bien avec les potes cet été autour du barbecue.

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